Dieu a dit : «Crois en moi».
Dieu a dit : «Je suis là, avec toi, et je serai toujours avec toi».
Dieu a dit : «Repens-toi de tes fautes».
Les mains serrent le chapelet de plus en plus fort et les jointures blanchissent peu à peu. Les lèvres remuent de plus en plus vite. Le front s’abaisse jusqu’à toucher les mains. Les paupières abaissées se contractent douloureusement.
Dieu a dit : «Crois en moi».
Dieu a dit : «Tout ce qui est à toi m’appartient et je suis ton maître».
Dieu a dit : «Tu m’obéiras»
Elle pleure en silence. Les larmes coulent le long des joues, sans être essuyées, et mouillent les mains. Le téléphone sonne à intervalles réguliers, sans qu’elle ne décroche. Chaque nouvelle sonnerie lui arrache un sursaut. Elle s’efforce d’ignorer les perturbations, se concentre.
Dieu a dit : «Ceux qui t’attendent dehors ne sont pas tes amis».
Et : «Ils te mentent, ils te veulent du mal, mais ils ne pourront rien contre ma colère».
Dieu avait dit : «Crois en moi et je te protégerai. Ma colère s’abattra sur mes ennemis et il me demanderont grâce».
Dieu a dit : «Cache-toi au fond de ton caveau, barricade-toi, méfie-toi de ce qui t’attend depuis tout ce temps à l’extérieur, méfie-toi de la lumière du jour, méfie-toi de tout le monde».
Le Seigneur soit loué pour ses grâces, et Jésus le fils mort sur la croix, et le Saint-Esprit. Préserve moi du mal et accepte-moi dans ta Sainte Eglise. Moi pauvre pécheresse, je demande ton pardon...
Dieu a dit : «Le cœur des hommes est corrompu».
Dieu a dit : «Ils se vautrent dans la débauche et l’infamie depuis trop longtemps. Ils enferment les innocents et libèrent les criminels».
Et : «Rien n’a d’importance. Oublie tout ce que tu crois savoir et crois en moi».
Et : «Quelqu’un devra bien se décider un jour à faire le ménage sur cette pourriture de planète».
Le signe de croix maintenant. Dépêche-toi. Garce. Garce. Reste à genoux et prie. Demande pardon. Tu paieras pour ça.
«Crois en moi, je ne veux que ton bien. Le temps que durera mon absence, je serai avec toi en pensée. Tu ne sauras rien mais je serai là, tout près de toi. Je te parlerai à l’oreille et tu n’entendras rien. Je te tiendrai la nuque quand tu t’agenouilleras devant tes statues blanches pour prier, ou devant les chiottes pour dégueuler. Je te dicterai les histoires que tu te récites le soir pour t’endormir. Je serai toujours là pour toi, ne t’inquiète pas, tout ira bien. Sois heureuse, mais n’oublie jamais que mon regard est fixé sur toi.»
Dieu a dit : «Où que tu ailles, je finirai par te retrouver».
Dieu a dit : «Je serai toujours là pour toi, ma fille, mon sang, ma chienne».
Et : «je me cacherai dans ton ombre, je serai ton jumeau invisible et tes amis imaginaires parleront avec ma voix. Je t’empêcherai de devenir un de ces putains de moutons aveugles, par la force s’il le faut. Tu ne sauras jamais que je suis là, mais tu penseras toujours à moi. On te traitera de folle quand tu parleras de moi. Ce sera notre secret à tous les deux. Je ne te quitterai plus».
Dieu a dit : «Leurs putains de machines à gommer la mémoire, je m’en tape, je finirai bien par me souvenir. Je te retrouverai, je te le promets».
Un grand coup ébranle la porte. Un deuxième. Un troisième. Encore et encore. Un souffle haletant derrière le battant. Elle ne bouge pas, ignore consciencieusement le tremblement de la porte.
Dieu a dit : «Nous sommes unis pour l’Eternité, désormais rien ne pourra plus nous séparer».
Et : « Répète après moi : notre père… Notre père… ».
Et : «Tes erreurs sont pardonnées, bien des années sont passées. Je te pardonne de m’avoir dénoncé. Ouvre cette foutue porte maintenant».
Elle baisse les yeux et entre les mains jointes se trouve maintenant un revolver.
LA ZONE -
Elle est agenouillée au pied du lit, et le silence l’entoure. La tête baissée, les mains jointes. Seuls quelques rais de lumière blanche percent l’obscurité. Ses lèvres remuent doucement, sans s’arrêter, sans émettre le moindre son. Les poignets reposent sur le dessus de lit, un chapelet enserre les mains aux doigts croisés. Les yeux sont clos.
Le petit crucifix de bois, noir sur le mur entièrement blanc, domine la scène.
Le petit crucifix de bois, noir sur le mur entièrement blanc, domine la scène.
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Tout le texte est parfaitement construit pour que ça marche (sur moi du moins). J'aime beaucoup la progression du ton et la montée de la tension. J'aime beaucoup le détournement du style de la prière, même si au bout du compte ça paraît un peu bateau voire paquebot, le jeu de mots dans la prière ; mais ça passe.
Par contre je déteste la dernière phrase. Trop explicite. J'aurais préféré que tu nous laisse en pleine tension, juste avant l'explosion, mais sans en parler comme ça. Sans révéler ce qui va se passer, et dont on se doute foutrement, de toutes façons.
Mais j'aime beaucoup.
Vraiment sympa sauf deux choses pour moi :
- le passage du passé au présent aurait pu être mieux travaillé, c'est dommage une part de l'intéret du texte réside là dedans selon moi.
- la dernière phrase gache vraiment le reste. Le sentiment d'oppression du reste du texte ne trouve pas écho : l'état d'urgence dans lequel semble se trouver la nana ne se justifie plus avec le flingue. Puis ça fait beaucoup trop facile pour un texte qui aurait pu être beaucoup plus original. C'est trop mignon comment j'enrobe tout ça : en résumé, la dernière phrase est merdique.
Gloups je te propose de faire tous nos prochains commentaires en commun.
c'est un superbe numéro de ventriloquie d'arme à feu.
Putain tu trouves toujours les sens cachés toi, on est trop cons.
Elle baisse les yeux et entre les mains jointes se trouve maintenant Tatayet.
Ouaip, ça rend bien.
Alors, tu savais pas comment finir ton texte nihil ?
Bah en fait... J'avoue que ce texte faisait partie à l'origine d'un truc plus ambitieux et que j'ai donc du, pour le présenter ici l'arranger de mon mieux, notamment le conclure... Mais contrairement à vos avis de ploucs, je suis pas mécontent de la fin. Je saurais pas expliquer pourquoi, chuis un manuel moi, pas un putain d'intello, mais je l'aime assez bien.
ceci est un commentaire à but purement humanitaire.
Pas mal. Contrairement au cyborgoschizophrène qu'est Glaüx-aka qui sont la même personnalité n°14325, je trouve qu'il manque quelque chose pour que l'ambiance prenne encore plus d'ampleur. Juste un tout petit quelque chose.
Vous pouvez ici faire vos propositions sur ce "petit quelque chose".
Petit quelque chose : un buisson ardent. Et l'humanitaire, c'est un truc de tapettes.
Moi, la dernière phrase ne me perturbe pas, je pense que le texte reste suffisemment énigmatique. J'aime bien, je ne trouve rien à lui reprocher, et en même temps c'est sans enthousiasme débordant et sans vraiment trouver quelque chose d'intéressant à en dire.
Ce qui me frappe le plus à cette lecture, c'est juste le côté récurrent du thème religieux, même traité indirectement et de toute manière négativement, dans tes textes. Ce n'est pas la première fois que je m'en fais la réflexion.
C'est une des choses qui me plaisent le plus dans ce type de texte de nihil, il y a toute la tension et l'exaltation que peut provoquer le sentiment religieux, mais vicié, détourné, rendu maladif et malsain.
Ouais, j'ai fini de lécher les boules du chef, ouais, merde.
Aka, mêlons nos langues pour faire nos commentaires, oh oui.
Scçlhla dlohhlonnlherrhlrla dles hlsltrluclhlhs hclhlommhle çlhla.
Glaüx, je rêverais de méler nos boyaux de tête pour faire nos commentaires.
Fais le catéchisme avec nihil...
On croirait que Dieu s'est muté en proxenète, l'espace d'un instant.
"Elle baisse les yeux et entre les mains jointes se trouve maintenant un gode fluo."
Uhuh.
J'aime bien.
Je trouve aussi que la dernière phrase ne colle pas.
J'ai explosé de rire en lisant "putain de mouton", par contre. Bon, je suis peut-être le seul à avoir trouvé ça drôle, après tout.
Oh dis-donc
http://zone.apinc.org/article.php?id=254
C'est fait exprès, la reprise ? Y a quelque chose à comprendre ?
Je m'en vais sacrifier douze jours et nuits sans dormir à la lecture de Trisophrenia in extenso, pour trouver la clé.
Bon bah au lieu de critiquer comme des glands, proposez-moi une meilleure fin hein ?
Que penseriez-vous de "Elle baisse les yeux et entre les mains jointes se trouve maintenant la tête coupée et reduite de son petit frère, qu'elle compte bien montrer à son père lorsqu'il fracasser la porte, pour le faire reculer..."
Trop explicite, non ?
Glaüx, la réponse est en toi et tout autour de toi, elle n'est pas une et unique et ne se peut trouver que dans l'infinité globale d'un esprit en voie de perdition.
Maintenant, va jouer ailleurs.
La dernière phrase est à jeter.
En plus, les armes à feu, ça fait arriéré. Rien ne vaut une bonne vieille arme blanche.
Et si c'est une arme à feu blanche ?
Une mitraillette en émail ?