Je suis sur un trottoir que je ne connais pas. J’ai l’impression cependant de ne pas être très loin de chez moi. Les gens me dépassent. Les gens continue à me dépasser. Pas un ne me regarde. Je suis invisible. Je n’existe pas. Je ne suis pas là. Je ne suis là pour personne. Je suis fatigué. Je suis fatigué comme jamais auparavant. Je ne suis constitué que de ça. J’ai un goût de poussière dans la bouche et la gorge. L’air que je respire à une odeur de poussière. Je crois qu’en fait ça vient de moi. Qu’en réalité l’air est pur. Comment pourrait-il en être autrement. Mon ventre est lourd. Mes poumons sont usés. Tout mon corps est usé mais mes poumons le sont encore plus. Les gens marchent tellement vite. Comment y parviennent-ils je ne sais pas. Ce ne sont pas les gens qui avancent vite en fait c’est la foule. La foule avance comme un organisme unique et elle va très vite. Elle avance avec détermination dans une direction unique vers une destination que je ne connais pas. Je regarde le maximum de visages. Je n’en reconnais aucun. Je ne parviens à en graver aucun dans ma mémoire. C’est comme des fantômes. La encore je sais que c’est une projection. De ce que moi je suis en réalité. Un fantôme enfin je veux dire un être sans épaisseur sans substance. Ils apparaissent dans mon champ de vision. Ils disparaissent et sont suivis par d’autres. Aucune ne laisse une trace dans mon esprit. Nous n’existons pas ensemble. Nous sommes simplement juxtaposés.
Je sors les clés de ma poche. Je les regarde. Je n’avais jamais remarqué leur banalité avant. Je me force à les observer. La lumière des lampadaires révèle leur médiocrité. Je les observe longtemps. Jusqu’à un état de quasi hypnose. Le flot des passants se tarit. L’invasion est finie. Je n’assiste maintenant qu’au déplacement moins rapide et moins dense de quelques caillots isolés.
Je vais me tuer. Je vais mourir avant vingt heures. Il ne reste que deux heures à vivre. Je le sais. C’est irrévocable. Je tourne mon regard vers la route. Il y a encore beaucoup de voitures. Dans les habitacles les gens ont un air concentré. Ils paraissent plus vivants que les piétons. Certains visages marquent ma mémoire. Je parviens à les rappeler quelques minutes après. Mais ça ne dure pas et eux aussi disparaissent. L’air est saturé d’essence. Son odeur est omniprésente. Je lance les clés. Elles tombent sur la chaussée et sont aussitôt happée par les voitures. J’essaie de les suivre mais je les perds très vite de vue. Je suis mort. C’est exactement comme si j’étais mort. Je n’éprouve plus aucun désir. Je ne peux communiquer avec personne. Je n’ai plus rien à faire ni nulle part où aller. Je me demande quoi faire durant ces deux dernières heures. Je n’ai aucun désir. De rien.
Je sors du bureau. Il pleut. La nuit tombe. La rue est remplie de gens pressés. Tout le monde me dépasse. Je marche de plus en plus lentement. A la fin je m’arrête.
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moi j'aime tjs bien
Ouais et même que le titre il est vachement baleze !
il est très bien celui là, un de mes préférés
Bon, ben... J'en pense tout le bien que j'ai pu pensé des précédents. Voilà, voilà. Au suivant.
Ceci dit, j'hésiterais à me taper tout un roman écrit comme ça.
Justement Grosniakov, il s'agit du N° 11 et entre le 1er et le 11 tout en passant par le 2 ou ne serait ce que le 8, un rapport commun m'aurait il echappée ?
(smerdiakov : en même temps, c'est ce que tu es en train de faire, héhéhé)
Ca devient quand même assez compliqué de trouver de nouveaux trucs à dire sur une rubrique aussi homogène...
Best-of, ça veut dire que c'est fini ? P'tain, tant mieux !
best-of ? tu vas trop à macdo, papi
Je ne fais que reprendre le commentaire de Nihil, j'y connais rien en anglo-saxon, et encore moins en bouffe industrielle
tiens, j'aurai cru que t'adorait ça moi...
J'ai beaucoup aimé. Je trouve le ton très différent des autres épisodes. Le tout a plus de matière (ça veut tout et rien dire, j'adore).
Par contre, je m'excuse par avance pour la comparaison, ça m'a fait penser à la fin du premier Matrix.
ah ouais ? moi j'ai juste vu le ping-pong matrix, donc je vois pas trop. c'est quoi la fin du premier matrix ?
Un mec qui se ballade dans la foule... Pas très précis comme comparaison. C'est quoi ça le ping-pong Matrix ? Un jeu où c'est toi la petite balle qui rebondit de partout ?
mais si la fin de matric 1 quand neo s'envole dans le ciel comme superman, un effet special à la con
Alors l'original est biblique, ça s'appelle l'Ascension, et c'est sans effets spéciaux, 100% divin.
j'aurais dit 90% divin et 10% avec un treuil caché sous des faux nuages en carton.
Commentaire édité par nihil.
et la catapulte çà serait pas plus plausible ?
non, ping pong matrix, c'est ça : c'est une tuerie (bon, image pourrie) : http://www.albinoblacksheep.com/flash/pingpong.php
Warf warf warf, effectivement, c'est particulièrement magique et tout compte fait je trouve que ton texte me rappelle plus le ping pong Matrix que la fin de Matrix 1.
100% pur vin l'ascension...
sinon il y en aurait il qui n'aurait jamais vu matrix?
***air bête***