Elle boit une gorgée de vodka et se saisie du scalpel. Sans hésiter, elle pose la pointe de la lame sur le trait et commence l’incision. La douleur arrive en même temps que le sang, par intermittences puis en continue, de plus en plus fort. Au bout de quelques centimètres, le sang recouvre le trait et l’empêche de continuer. Elle n’avait pas prévu ça. Sans trop réfléchir, elle se lève, met son bras au dessus de l’évier et fait couler l’eau. La douleur disparaît puis revient, soudaine, piquante, dans toute la main et l’avant-bras. L’eau glacée vient soulever la peau sur quelques millimètres. Se mélangeant au sang, elle se faufile ensuite, rose, dans le trou au fond de l’évier. Peu à peu la douleur se calme et le sang coule avec moins de débit. Elle attrape un rouleau de grosse ficelle et s’en ceinture le biceps de plusieurs couches. Son garrot en place, elle reprend une gorgée de vodka et se remet à l’ouvrage.
La douleur est au niveau de l’épaule maintenant, et elle ne sent presque plus sa main gauche. Parfait, ce sera plus facile. Elle n’en a pas pour longtemps à faire le tour de son bras. Malgré quelques ratés en dessous, c’est plutôt propre. Elle prend un pause puis reprend le scalpel.
Consciencieusement elle trace un long trait dans sa chair jusqu’au milieu de l’avant-bras. Le derme se soulève déjà un peu, elle n’a plus qu’à saisir un coin et à tirer doucement. La peau se décolle comme une feuille mouillée, avec un léger bruit de succion. Elle inspecte sa chair mise à nue au fur et à mesure. C’est poisseux, orange, rouge et bleu, ça colle un peu. Bientôt, pour continuer, elle doit déchirer. Ca se fait sans trop de soucis, comme de la cellophane. Elle est étonnée de voir à quel point sa peau est élastique.
Le passage du poignet est plus difficile, la peau est soudée aux articulations, elle doit la décrocher avec son scalpel. Elle s’y affaire en tirant la langue et en plissant les yeux, ce serait con de tout merder maintenant.
Une fois que c’est fait, elle continu son décollage et s’attaque, peau pendouillante, aux premières phalanges. C’est bien plus ardu, elle aurait dû s’y mettre avant.
Son épaule la lance affreusement, elle est un peu violacée et la chair est toute gonflée au dessus du garrot. Tant pis, maintenant qu’elle a presque finit, elle peut bien supporter ça quelques minutes de plus.
Elle finit enfin les cinq phalanges, elle peut reprendre de la vodka et entamé la dernière phase de la première étape. Rha, quelle conne, les bagues, ça bloque au niveau des bagues.
La douleur de son épaule devient insupportable, elle retire doucement son alliance et sa bague en forme de serpent, elle les remettra plus tard. En attendant, elle les pose sur un coin de la table.
La peau des doigts est bien collée, elle ne progresse que millimètre par millimètre.
Aux environs de la moitié du travail, le téléphone se met à sonner. Hésitant une instant, elle se lève finalement pour allé décrocher. La peau de son bras se balance sous sa main, elle ne peut se résoudre à la soutenir de sa main valide. Elle décroche, c’est Jeannot, il vient aux nouvelles. Elle a vraiment très mal à l’épaule, elle écourte la conversation. Elle raccroche et retourne à sa besogne.
Le plasma de son avant-bras commence à sécher, formant une légère croûte gélatineuse. Au bout d’une dizaine de minutes, elle arrive enfin aux ongles. Il y a quelques ratés sur ses doigts, des morceaux de chair taillés peu ou prou généreusement. Ca lui fait une main difforme.
En essayant d’être le plus précis possible malgré la douleur et la tête qui tourne, elle glisse la lame du scalpel sous l’ongle de son pouce. Elle va le plus loin possible en grattant sous l’ongle pour bien le décoller. Ensuite, elle n’a plus qu’à tirer pour qu’il se décroche. Elle découpe la peau collée sur le dessus et jette l’ongle à la poubelle. Elle répète l’action quatre fois pour, enfin, pouvoir retirer complètement sa peau.
Elle admire son travail.
Elle hésite quelques secondes avant de retirer son garrot, puis décide d’avaler trois léxomil, pour la douleur.
Elle dénoue la ficelle. Elle hurle quand le sang se libère.
Son cœur s’accélère, il doit à nouveau pomper le sang d’un bras.
Il lui faudra agoniser pendant une heure, sans pouvoir bouger, avant que la douleur ne se calme un peu, que le cœur reprenne son rythme et que son bras cesse de suinter.
Elle peut alors attaquer la seconde étape.
Elle sort sa boite à couture, choisit une grosse aiguille et du fil à bâtir noir. Alors, et avec un seul bras, elle entreprend de recoudre son gant de peau. C’est vraiment difficile en n’utilisant qu’un bras, mais la douleur est toujours présente et elle ne voudrait pas saloper tout son boulot.
Une fois arrivée au bout, fier d’elle, elle peut enfin enfiler sa peau. L’intérieur est resté humide et elle n’a aucun mal à la faire glisser complètement.
Quelques points de couture pour maintenant l’ensemble, cinq faux ongles pour cacher les trous au bout des doigts, deux gorgées de vodka pour se féliciter. Et voilà, un bras tout neuf. La peau est un peu flapie au poignet et un peu bleue au biceps, mais bon, pour réaliser l’ensemble il lui aura quand même fallut trois heures, ça l’a bien occupée. Depuis le temps qu’elle est au chômage, l’inaction allait finir par la rendre folle…
Demain, elle se fait une chaussette. Il faudra songer à racheter de la vodka…
Avec minutie et en silence elle trace avant tout un trait sur son avant-bras au feutre noir, à quelques centimètres du coude. La ligne ceinture son bras et elle a un peu de mal à joindre les deux bouts, mais en s’appliquant elle parvient à refermer l’anneau. Elle prend un peu de temps pour imaginer l’effet final. Ca a de la gueule, une fois finit ça devrait être potable.
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Je vais ptête essayer ça moi, tiens, histoire de m'occuper un peu. Je me fait chier à un point, c'est pas permis. Vie de merde. Sinon je peux aussi repeindre les murs avec les entrailles de mes chats, casser les vitres à coups de boule, hurler, faire du trampoline sur la poitrine des enfants du square d'en face, hurler, manger mon écran, hurler, pleurer, hurler, courir nu dans les prés.
Ou poster des commentaires à la con.
L'image est de Bobby-Joe sinon, enfin moi je dis ça hein... Voilà voilà... Hum...
Ca m'a presque donné envie de vomir. J'ai dû m'assoir sur ma main droite gauche pendant qu'elle se faisait sauter les ongles.
Mais j'avoue, j'ai trouvé ce texte excelent. L'athmosphère créée est géniale, la décontraction de la demoiselle alors qu'elle est en train de se mutiler abominablement, ça met mal à l'aise...
Bref, j'ai adoré.
Alors là tout pareil.
J'ai mis du temps à le lire parce que a main tremblait c'était nerveux. J'ai rigolé. Surtout sur la dernière phrase. Vraiment, bon texte: Simple, pas prise de tête, bien écrit...Que demande le peuple !
Vodka ! Vodka ! Vodka !
Si il continue à faire chier, le peuple va pas tarder à se faire matraquer la gueule par des légions de flics en rut, comme d'habitude. Donc ta gueule, le peuple.
chouette texte, moi qui aime bien me visualier les scènes, je suis servi ...
Bonne ambiance, bien décrite, bien joué bobby joe
Tiens, je vais essayer ça avec la peau de ma teub, histoire de rigoler.
Ouais ! Hardcore circoncision !
Après, jette les morceaux pigeons, ça les changera du pain rassis.
nihil a dit :"jette les morceaux pigeons"
trouvez la bonne phrase :
"jette les morceaux de pigeons"
"jette les morceaux en pigeons"
"jette les morceaux du pigeons"
"jette ski les morceaux pigeons"
"jette les écrémé morceaux pigeons"
"jette les morceaux pigeons vole"
Y avait aussi 'jette les morts aux pigeons'. C'est un synonyme pour 'devoir de mémoire', je crois.
Et oublie mots veux moi et cul enculé !
plaie au nasme aussi on dit
***commentaire édité par celle dont on ne parle pas assez***
C'est rigolo.
Mon petit doigt me dit que Bobby est fan de sade.
plaie au nasme -> ça sent le lapin
C'est pas un peu plus "raffiné" que ça Sade ? Nan parce que si c'est tailler dans le lard à grands coups de couteau, le meilleur précurseur c'est plutôt Charles Manson.
C'est du masochisme, de toute manière, pas du sadisme. Ho, Ventoline, tu dis des conneries, là. Ha, pardon, c'est ton petit doigt.
si c'est ton petit doigt qui te parle de sade, je voudrais bien voir la gueule de ton petit doigt... faut pas confondre sacher et sade, et je vois pas pourquoi une plaie au nasme ça sent le lapin...sinon le soleil est là pour l'apéro, pas de lapin en vue de ce côté là, à vous la zone !
Je me chie dessus tellement j'ai honte.
C'est ce petit coté description d'insanités sur un ton neutre mais de fait complaisant..Mais comme j'ai peu de culture, j'ai craqué, j'ai sorti les grands noms en prenant un air inspiré.
D'ailleurs je pue la merde, Sade est ouvertement vachement complaisant lorsqu'il fait faire caca à la petite Sophie par le minou.
grand nom petite queue (on peut remplacer nom par plein de choses du type bagnole, gueule, etc...)
C'est marrant, à force de lire ce texte bha ça me fait même plus mal du tout...
Par contre c'est assez trippant de savoir qu'un texte (de moi en plus), peut créer des réactions physiques plus intenses qu'un simple frisson...
J'ai des amies qui ne voulaient pas continuer tellement elles étaient dedans. Rien que pour ça, j'estime mon texte réussi.
Bon, dans un soucis de réalité et pour pouvoir tout décrire, vous pensez bien que je l'ai fait... Maintenant j'ai l'air con avec mon gant de peau, mais ça vaut le coup bordel !
J'espère juste que konsstrukt a pas fait la même chose pour son dernier texte...
apres avoir lu ce texte, je me suis tricoté un slip avec mes poils pubiens... Ce texte m'a fait me sentir alternativement joyeux, grincheux, timide, puis dormeur, simplet, prof et soudain atchoum... çà m'arrive rarement.
T'a jamais été vraiment blanc comme neige de toute façon Lapinchien...
J'y voit aucun rapport avec Sade moi.
çà aurait été plus sympa avec un économe.. en plus la phase puzzle-couture aurait apporté un coté ludique à c't'affaire.
Même effet qu'assister à une dissection, ou une opération en bloc. Le passage aux mots est réussi, du coup.Bravo.
Bien crade, bien dégueu et une chute sympathique. Un peu long pour être vraiment efficace.
J'avais le goût du sang dans la bouche et ma salive s'est épaissie en lisant ça. Surtout au passage des ongles.
Comme quand on se blesse.
J'ai eu un peu de mal à aller au bout.. Le juste dosage de détails amène les images, et ma sensibilité féminine me force à fermer les yeux (c'est nul de louper la moitié d'un bon film gore.. Fais chier, rien que pour ça j'aurais aimé naitre avec ne bite ^^) Mais j'y suis arrivée (dis maman j'aurai droit à une sucette now?) et je m'en félicite..
"J'ai des amies qui ne voulaient pas continuer tellement elles étaient dedans. Rien que pour ça, j'estime mon texte réussi." Je plussoie, ça fait mal où ça doit donc on peut dire que c'est réussi ^^
Toi depuis que t'as une chatte je te trouve presque supportable.
On dit pas supportable on dit mettable. Faut pas confondre. Question d'ergonomie.
Rien à dire ça déchire.
Moi aussi j'ai eu un petit peu mal au bras et une légère, très légère, envie de gerber.
Efficace et pas si con.
Ah jme suis sentit mal à l'aise en lisant, c'est vraiment pas mal.
Par contre avec l'icone du texte dans le menu du site, le poing et le titre "Passe-temps", je m'attendais vaguement a tomber sur un article concernant le fist fucking.
Donc bonne surprise en lisant.
Je vais prendre 2 ou 10 Zenalia et je reviens.