Je quitte la surface de vente pour me rendre dans mon bureau. Je suis ici depuis dix ans. Je suis adjoint à la direction. Je m’occupe de la comptabilité. Je m’assieds dans mon nouveau fauteuil. Je l’ai depuis quatre jours. Là c’est mon cinquième jour. J’en suis content. Dans deux jours le gars du service de l’équipement ma passer me demander comment je trouve ce fauteuil et c’est ce que je lui dirais : j’en suis content. Il me proposera peut-être un autre modèle mais je refuserai sans doute. J’aime bien ce fauteuil. Je jette un coup d’œil à la vidéo interne avant de commencer à me plonger dans la comptabilité. Comme d’habitude des pauvres types traînent dans le magasin et tripotent les articles alors qu’ils ne vont rien acheter. Je hais ce genre de gens. Si ça ne tenait qu’à moi il y aurait des mitrailleuses couplées aux caméras et je les hacherai en direct à la calibre douze. Mais il paraît que ça serait mauvais pour l’image de marque de notre magasin. Que ça nuirait à sa réputation de havre de paix. Moi je ne suis pas d’accord. Les véritables clients se sentiraient encore plus en paix s’ils étaient débarrassés de tous ces minables. Mais je ne suis pas celui qui commande. Je ne suis que le numéro deux. C’est dommage. Je peux juste enregistrer les erreurs et les pertes de fréquentation et de bénéfices mais mon avis pour remonter la pente n’a aucune valeur aux yeux du patron. Tant pis pour lui. J’ai d’autres écrans sur mon bureau. Je ne suis pas obligé de regarder les deux traîne-savates. Dans un autre rayon une femme aux gros seins examine des cassettes. Elle les soupèse comme s’il s’agissait de fruits à choisir en fonction du poids ou de la maturité. Je ne serais pas surpris si elle les sentait. Peut-être croit-elle que ce sont des melons. Je repense à mes mitrailleuses. Exterminer tous les fumistes et tous les imbéciles. A la caisse les vendeurs s’ennuient. Ils sont plus âgés que moi d’au moins vingt ans. Ils louent un studio. Moi je suis propriétaire d’un deux pièce. C’est pour moi un motif de fierté. Je mène la vie qui convient à mon rang social. Ah. Un homme à l’air sournois rode au rayon lingerie. Il porte un blouson et regarde partout autour de lui. Je zoome sur lui. Je souris. S’il vole quelque chose je le fais saisis par le vigile et je le tue. De mes propres mains dans ce bureau. Ce sera ma petite pause digestive. Ma petite récompense. J’en viens presque à souhaiter qu’il vole. C’est pourtant quelque peu contradictoire avec ma fonction. Mais j’éprouve une envie un rien perverse de violence justifiée. Je pourrais le faire emmener et le tuer sans raison mais la violence gratuite ne m’amuse pas aujourd’hui. J’en ai déjà tué deux la semaine dernière. Ca m’a procuré un grand plaisir. A tel point que j’ai conservé l’instrument ici dans le coffre-fort. Je l’ai nettoyé et rangé là dans le coffre. Une magnifique lame. Très large à l’extrémité. Idéale pour les décapitations. L’homme plonge la main dans la poche intérieure de son imper. Je fronce les sourcils. Il en tire une arme. Je suis déçu. Il va tenter de voler la caisse et par conséquent mourra sous les balles des vigiles. Il n’y a plus aucune chance qu’il parvienne entre mes mains. Oui je suis très déçu. Tout autour le dispositif s’installe. Il va mourir très vite. Il place l’arme contre son front. Je fais o avec ma bouche. En effet il va mourir. Il tire. Sa tête part en arrière. L’effusion de sang et la fumée me masque une partie de l’action. De plus la qualité du noir et blanc n’est guère heureuse pour transmettre ce genre de détail. Lorsque je peux mieux saisir la scène il est déjà étendu à terre au milieu d’une mare de sang qui grandit. Les employés canalisent les clients vers d’autres rayons. Les vigiles s’occupent du corps. Je vérifie d’un regard que tout ceci ait bien été enregistré. J’aimerai conserver une trace de cette anecdote. Et puis je pourrais toujours en créer des copies et les vendre. Il me vient une idée. Je contacte un des vigiles. Je lui demande de m’apporter la tête. Ainsi que tous les fragments qu’il pourra récupérer. Le tout dans un récipient relativement hermétique. Il m’assure qu’il va faire pour le mieux. Je raccroche. L’humeur est meilleure. J’ai envie de commencer une collection. Je regrette un peu de n’avoir pas conservé les autres. Mais il y aura bien d’autres voleurs.
J’ai trop mangé. J’ai envie de courir. Cependant je n’ai pas le temps. J’arrive déjà à mon magasin. Je n’ai pas le temps pour l’amusement. Pas tout de suite en tout cas. Je traverse les rayons pour mesurer la fréquentation. Elle n’est pas fameuse hélas. Ca ne sera pas une très bonne journée je le sens. En tout cas guère meilleure que ces dernière semaines.
= ajouter un commentaire =
Les commentaires sont réservés aux utilisateurs connectés.
= commentaires =
C'est bien, plus que le précdent, moins que les premiers. Tout de même un problème de réalisme, qui me semble dérangeant puisque la série relève tout de même d'un certain réalisme noir, en tout cas jusqu'ici. Je veux dire : en cas de mort violente, il y a toujours une enquête de routine, et le type se ferait pincer immédiatement. Donc, on n'arrive pas vraiment à y croire.
Au second degré ça passe pas mal.
Pas mon truc, ,le second degré. Et puis, dans la konsstruktion, tout est basé sur 90 degrés.
c'est sociologiquement réaliste, mais, à force de lire les épisodes, tu devrais te familiariser avec l'idée qu'il ne s'agit pas nécessairement de notre société.
C'est ce que je trouve intéressant dans cette rubrique : des personnes qui seraient toutes des "déjantés de première" dans notre société ressortent ici somme toute complètement banales.
le côté froid me plait bien
à part ça c'est ignoble, tout est donc parfait dans le plus horrible des mondes
c'est peut etre ainsi que j'eus du m'y prendre
en public au prisu, ça aurait été fun aussi.
Sauf qu'au Prisu, il fait toujours trop chaud.
Ceci etait un communiqué du front de libération des réflexions de merde.
suis con, y'a plus de prisu a toulouse
ca aurait été monoprix